Ses domaines d’intervention sur le sujet peuvent être déclinés ainsi :

· En quoi consiste cette révolution en cours, nommée « Renaissance psychédélique » et quels en sont les enjeux sociaux, philosophiques ?

Depuis une quinzaine d’années, des essais cliniques testant les substances psychédéliques pour soigner dépression et addictions reprennent en psychiatrie à travers le monde (plusieurs centaines sont en cours) et ouvrent l’espoir de soigner durablement des millions de gens en souffrance. Longtemps stigmatisées comme «les pires des drogues» les psychédéliques sont en pleine «Renaissance». La société doit désormais changer de regard sur ce qu’est une «drogue».

· Quels sont les apports thérapeutiques des substances psychédéliques sur la psyché humaine ?

En imitant l’action de la sérotonine, connue comme « l’hormone du bonheur », les psychédéliques créent de nouvelles connexions entre des régions cérébrales qui habituellement ne communiquent pas. Cette plasticité cérébrale agit sur notre capacité à changer, à nous défaire de ruminations, de répétitions délétères, de conduites addictives. Le siège de l’ego est temporairement mis en sourdine, ce qui permet d’aborder autrement le réel, la question de notre présence au monde et de nos buts dans la vie.

· Comment la psychanalyse peut-elle aider à comprendre les effets d’un voyage psychédélique ?

Le voyage psychédélique plonge dans un état de conscience élargi. Les perceptions changent, elles sont généralement plus aiguisées et communiquent entre elles (synesthésies). Le rapport au moi s'en retrouve changé et si l’expérience peut être déstabilisante, elle est aussi enseignante. Dans un cadre autorisé et sous contrôle d’un thérapeute, ces substances déclenchent une levée du refoulement qui peut permettre d’aller déloger certains traumatismes. Avec son enquête menée auprès d’une trentaine de personnes, Mathilde Ramadier tisse des liens entre leur expérience et psychanalyse, le voyage psychédélique pouvant se rapprocher d’une psychanalyse-éclair.

· Comment mène-t-on une enquête en tant qu’écrivain·e et pourquoi recueillir la parole des usager·es de ces substances ?

Dans certains de ses livres comme Au-delà du moi et Vivre fluide, Mathilde Ramadier mêle les sciences humaines au récit et à l’enquête de terrain, partant du principe qu’une réflexion philosophique ne peut être séparée de son objet, à savoir le réel, la vie de tous les jours. Dans le cas précis de ce sujet autour des sciences psychédéliques, qui mobilise autant les sciences humaines et sociales que la médecine, il lui a semblé absolument nécessaire de donner la parole à des personnes qui ont fait l’expérience des psychédéliques. Elle a ainsi conduit des entretiens qui, après retranscription, font l’objet d’un tissage autour de ses hypothèses, donnant davantage de chair au propos.