En marge : une heure au micro de Giulia Foïs pour Mathilde Ramadier
L'émission revient sur son livre Vivre fluide, une "biographie affective" comme l'a qualifiée la journaliste, et mêle des sons de Christine Delphy, Tchaïkovski, Bjork, Undone, Von Spar, Luz and the Yakuza, Charlotte Adigery.... et est à réécouter ici.
Lancement de Giulia Foïs :
Au commencement était… Marco. De beaux yeux bleus, bleus d’amoureux. Qui la regardent, ne regardent qu’elle, on est à l’école maternelle… Au bac à sable, tous les deux, ils aiment tant sentir sous leurs doigts, la douceur du grain qui s’en va.
Mais elle aussi, elle a des doigts. Et longs et fins, et prodigieux, ils tapent, voltigent, sur le clavier, et dans son ventre c’est le feu. La prof de piano la fascine, et ses épaules, et ses cheveux…
Oui mais après, il y a eu Pierre, c’était à l’entrée en primaire : début des fêtes d’anniversaire, il la fait danser et tourner, et elle sent son cœur chavirer… Pour des sirènes, des magiciennes, des amazones toutes nues, qu’elle dessine sur des bouts de papier. Ses héroïnes sont des guerrières, aventurières chevelues, peuplent des rêves échevelés…
Qui l’emmènent vers le portail vert, de l’école il l’attend devant, un vrai gentil, ce Jonathan.
Impatiente de le retrouver, elle court, elle vole… Et elle la voit : sa veste en jean, ses compensées, sourcils épais, Diane était là. Sur son chemin, plus grande qu’elle, elle lui apprend à colorier, oui mais sans dépasser les traits. Diane était belle, Diane n’est plus là. Arrive Renaud, premier baiser. Elle a douze ou treize ans je crois… Le teint mat, les cheveux bouclés, il l’embrasse et elle aime ça. Oui mais la voilà au lycée, et là y a Claire, pourquoi se priver ? Elles ont tellement à se donner, le désir et puis le plaisir, l’aventure et puis l’amitié. Pourquoi choisir, pourquoi se couper d’une moitié de l’humanité, quand on peut toute la goûter…
Mais enfin parce que c’est comme ça. Tu as des cadres, tu as des lois, ma belle, ma fille, qu’est-ce que tu veux ? Eh oh tu vas grandir un peu, t’es pas d’accord, tant pis pour toi : bisexuelle ça n’existe pas.