Les Éditions du Faubourg sont diffusées par Harmonia Mundi livres, le diffuseur des indépendants. Elle est membre de plusieurs collectifs : les Éditeurs anonymes (groupe de cinq maisons qui organisent des rencontres libraires en commun), l’association pour l’Écologie du livre, l’association des éditeurs indépendants d’Île-de-France (EDIF)… Autant d’instances où s’éprouve la solidarité entre « petits » et la nécessité de s’unir face aux « gros ».

Car oui, éditer en indépendant, dans un monde du livre détenu à plus de la moitié par deux mastodontes, Hachette et Editis, s’assimile au combat de « David contre Goliath » (titre d’une rencontre organisée en février 2025 à la librairie-café La lanterne qui rugit, à Lescheraines, en Savoie).

Le grand public est ignorant des enjeux capitalistiques qui se trament derrière les livres, et certaines librairies engagées dans le collectif Stop Bolloré ont décidé d’informer leurs client·es sur ce qui se cache derrière l’ouvrage qu’ils et elles tiennent entre leurs mains.

Ainsi, autrice et éditrice, cheffe d’entreprise dans l’économie sociale et solidaire, Sophie Caillat peut éclairer les points suivants :

Quelle différence entre un groupe d’édition et un éditeur indépendant ?

Proximité, passion, engagement… l’éditeur indépendant n’apprécie pas le risque qu’il prend au regard des mêmes enjeux qu’un salarié d’un grand groupe soumis à des contraintes de marché plus drastiques. 

Comment l’existence de maisons d’édition indépendante enrichit-elle le paysage éditorial ? Comment éditer autrement, dans un univers de surproduction où les libraires saturent des nouveautés ? Comment faire vivre des livres plus longtemps alors qu’une actualité chasse l’autre et que tout va de plus en plus vite ? Telles sont les questions auxquelles l’éditrice peut répondre, exemples concrets à l’appui.

Remonter la chaîne du livre

Un livre n’arriverait pas jusqu’au client sans l’aide des équipes qui les commercialisent (la diffusion) et des camions qui les acheminent (la distribution). Au sein de la chaîne du livre il y a des artisans : les auteurs, certains éditeurs et leurs sous-traitants, les libraires également ; mais il y a aussi des éléments d’une industrie comme les usines qui fabriquent le papier et les imprimeurs qui fabriquent les livres avant de les insérer dans la chaîne logistique. Comprendre cette chaîne, et les parts de revenus de chacun, c’est comprendre les enjeux économiques qui se cachent derrière le prix unique.

Le prix unique, une spécificité française à décortiquer

La loi Lang a instauré un prix unique pour chaque livre, décidé par l’éditeur quel que soit le point de vente, ce qui a permis d’éviter le dumping des grandes surfaces de distribution, qui s’observe dans les pays anglo-saxons par exemple.

Mais ce bienfait qui perdure depuis plus de 40 ans ne doit pas cacher d’autres enjeux, notamment ceux des frais d’expédition et des délais, qui permettent à Amazon de maintenir une part de marché d’environ 10%.

Surtout, il existe un corollaire au prix unique qui est méconnu du grand public, et des auteurs : c’est la possibilité pour un libraire de retourner un livre qu’il n’aurait pas vendu. Ainsi, les éditeurs naviguent à vue avec cette incertitude qui complexifie leur gestion.

Heureusement, la mutualisation entre éditeurs indépendants, la mobilisation des libraires et des lecteurs et l’aide des pouvoirs publics permettent à la France de maintenir un écosystème éditorial unique au monde et qu’il est urgent de préserver.