La revue Le Coq héron consacre un long article à Venir après
Le livre de Danièle Laufer, Venir après, et plus original, un précédent qu'elle avait écrit sur le même sujet (La Vie empêchée), sont mis à l'honneur par Corinne Daubigny sous le titre "Tramas collectifs d’anéantissement et construction de soi. Périlleuses mémoires familiales de survivance", dans la revue de psychanalyse Le Coq héron, repris sur le site Cairn.
Extrait :
(...) « Ces bras invisibles m’ont accompagnée et portée, moi aussi, pendant toute la durée d’élaboration de ce livre. »
Aussi des témoignages très différents arrivent en contrepoint de ceux qui abordent la difficile parentalité des survivants. Le lecteur trouvera des témoins – dont un des parents, ou les deux ont été déportés à Auschwitz – déclarant qu’ils se sont toujours sentis très aimés de leurs parents ; aussi ceux qui expriment toute leur fierté sans ombre du parcours que leurs parents ne leur ont jamais caché ; ou encore un témoin fier du parcours de son père déporté résistant, lui-même engagé dans la vie juive religieuse, qui déclare n’avoir jamais souffert de l’antisémitisme !
Alors qu’une femme déclare que « nous sommes tous des rescapés de l’enfance de manière générale », toute sa vie guidée dans ses amours par l’amour que sa mère a porté à son géniteur-sauveur, d’elle inconnu. Vie grevée d’autres secrets (p. 145-146).
Des « bras invisibles » entourent en effet tous ces témoins, du fait de leur commune condition de rescapés de l’extermination d’un peuple. Une condition source de créativité et d’engagements remarquables aussi par leur diversité.
Nous sommes donc loin des diagnostics valises qui amalgament et stigmatisent toutes les victimes. Il faudrait montrer que ces différences tiennent aussi à la vie, à la santé et à construction psychique des victimes avant-guerre, et à la manière dont s’est déroulée la déportation pour chacun d’eux (...).