On parle d'ubérisation dans Numérama

Publié le 4 décembre 2020
On parle d’ubérisation dans Numérama

Ubérisation : le rapport du gouvernement ne convainc ni livreurs ni VTC. 

La mission était importante : proposer des solutions sur le problème de « l'ubérisation », et trouver un compromis sur le statut des travailleurs des plateformes. La mission Frouin, qui vient de rendre le rapport du même nom, avance de nombreuses pistes, mais ne satisfait pas grand monde.

Odile Chagny, co-autrice de Désubériser, reprendre le contrôle (parution mai 2020), fait partie des experts consultés dans le cadre de la mission Frouin. 

"Ce rapport de plus de 200 pages va peut-être bouleverser dans les mois qui viennent un secteur de plus en plus important de l’économie française : il devait statuer sur « l’ubérisation  »." 

Dernièrement, ce modèle est remis en question par ces travailleurs, et certains demandent une requalification en contrat de travail. Surtout, le lien de subordination entre plateforme et travailleurs est désormais reconnu par la justice, ce qui n’arrange pas du tout ces plateformes.

Le rapport Frouin avait donc pour mission de trouver une troisième voie, qui n’oblige pas les plateformes à reconnaître comme salariés les travailleurs indépendants auxquels ils font appel, mais qui permettrait néanmoins à ces travailleurs de bénéficier de plus de protection. Un exercice d’équilibriste demandé par le gouvernement qui a, au final, déçu tout le monde.

Surtout, associations et chercheurs critiquent l’absence de décision sur une des problématiques les plus essentielles du secteur : l’opacité de l’algorithme.

« C’est un enjeu qu’on ne traite pas vraiment », estime Odile Chagny, économiste ayant participé à la mission Frouin et co-autrice du livre Désubériser.

« Le problème, ça n’est pas vraiment le statut, c’est comment on fait pour qu’ils soient vraiment autonomes, et surtout, c’est comment on peut ouvrir la boîte noire de l’algorithme ». Les algorithmes des plateformes sont gardés secrets : souvent, les employés ne savent pas vraiment comment leurs tâches leur sont attribuées ni comment un prix est fixé. «  C’est du management algorithmique », assène-t-elle.